LE FIGARO. – Le gouvernement veut modifier le mode de scrutin à Paris, Lyon, et Marseille, pour que la réforme s’applique dès les municipales de 2026. Est-ce la bonne méthode ?
Réviser la loi qui régit la gouvernance politique et administrative à Paris est nécessaire. Mais la simple modification de la loi électorale, prévue dans le texte déposé à l’automne, apparaît précipitée et présentée de manière expéditive. Cela n’intègre pas les volets « compétences » et « organisation des pouvoirs » entre mairies centrales, mairies d’arrondissements et métropoles, éléments qui sont renvoyés aux calendes grecques. Cette proposition de loi viserait à supprimer d’une certaine manière les mairies d’arrondissements, qui n’auront plus leur mot à dire puisque la représentativité au Conseil de Paris ne serait plus géographique.
Comment les promoteurs de cette proposition ont-ils pu déposer un texte sans tenir compte des attentes des élus d’arrondissement, pourtant en première ligne dans la gestion de leur secteur/ arrondissement ? Je constate qu’une large majorité des élus locaux de Paris, Lyon et Marseille ne comprend ni la méthode, ni les objectifs – même non avoués. Il faut sans doute revenir au principe « un électeur, une voix », mais ça va de pair avec un transfert de « compétences » vers l’échelon du dessous et pas dans ce calendrier précipité.
Comment peut-on surtout envisager de reporter l’examen de la loi luttant contre le narcotrafic en France, une proposition consensuelle et concertée, qui permet de donner des moyens supplémentaires à la justice et à la police nationale – moyens attendus dans nos grandes métropoles ? Comment imaginer que les électeurs n’y voient pas du tripatouillage électoral ? Je ne me résigne pas à cette déconnexion entre les attentes des Français en matière de sécurité et de lutte contre les trafics de drogue, et les préoccupations de certains de nos parlementaires…
On ne s’y prendrait pas mieux pour accroître la défiance des citoyens envers leurs élus !
LE FIGARO. – Les rédacteurs de la proposition de loi vantent une réforme « plus démocratique ». N’est-ce pas paradoxal qu’une partie de la droite s’y oppose, tout en appelant régulièrement à un retour au peuple au niveau national ?
Une véritable réforme, ce n’est pas une modification de loi électorale à Paris, Lyon et Marseille.
Une véritable réforme, elle est discutée, concertée. Qu’on se le dise : on ne simplifie rien pour les habitants dans cette proposition. En quoi déconnecter les élus du Conseil de Paris des arrondissements rendra plus efficace l’action publique dans l’intérêt des habitants ? C’est ma seule boussole. L’autre argument des partisans de cette proposition de loi, c’est d’expliquer que la droite a perdu Paris depuis vingt-cinq ans à cause du mode de scrutin.
Mais c’est oublier l’Histoire, puisque Jacques Chirac et Jean Tibéri ont réussi dans le passé avec le fonctionnement actuel. Il n’y a pas de fatalité, on peut gagner, mais il faut un projet politique, et parler à tous les Parisiens quels que soient les quartiers. Ne faisons pas croire que le mode de scrutin va impulser une dynamique et changer la donne politique à Paris. Pire, cela pourrait renforcer l’extrême gauche, qui progresse déjà dans les arrondissements traditionnellement marqués à droite. Comme je l’ai déjà appelé de mes vœux, l’ensemble des familles de l’opposition à la gestion calamiteuse d’Anne Hidalgo, doivent s’unir autour de Rachida Dati, la mieux placée aujourd’hui pour remporter la bataille de Paris.
LE FIGARO. – Vous devez être reçu par Bruno Retailleau à Beauvau ce samedi, puis par Yaël Braun-Pivet en début de semaine prochaine. Qu’attendez-vous de ces rencontres ?
Clairement, aujourd’hui, tout le monde constate que le texte n’est pas prêt à être examiné, et les
sénateurs partagent notre avis. On se focalise sur une proposition qui n’est pas aboutie et qui ne porte pas de vision ambitieuse pour la gestion de nos grandes métropoles, Paris, Lyon, Marseille mais aussi Toulouse qui devient la troisième ville française. Sous couvert d’être de grands réformateurs de la loi « PLM », on y va avec des pincettes, on n’ose pas remettre totalement à plat un système qui a fonctionné un temps mais qui n’est plus en adéquation avec les attentes de nos concitoyens et l’esprit du temps.
On fait du rafistolage de façade mais on ne va pas au cœur des choses ! On veut convaincre qu’il faut une vraie réforme, et non un bricolage, pour une gouvernance de Paris décentralisée et efficace, qui inclut tous les niveaux – les liens entre région, métropole, ville (de Paris) -, et des moyens réels mis à la disposition des maires d’arrondissements grâce à un transfert de compétences opérationnelles marqué dans la loi. Tout ça se travaille sur des mois et des mois, des années même, à l’image de ce qui a été fait sur le projet de loi sur le narcotrafic qui a fait suite au rapport Blanc et Durain au Sénat. Ça ne se fait en aucun cas dans la précipitation, encore moins à 6 mois du début de la période de réserve électorale.
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