Paris : une stratégie commerciale décevante

Mon intervention au Conseil de Paris – 13,14,15 et 16 décembre 2022

Madame la Maire,
Chers Collègues,

Avec plus de 61 500 commerces, Paris dispose d’un tissu commercial riche.

Les commerces parisiens sont bien plus que des échoppes où les habitants ne font que consommer : ils favorisent également le lien social – la crise sanitaire nous l’a rappelé – et ils participent aussi à l’identité de Paris et à son rayonnement dans le monde entier.

A cet égard, ils sont un patrimoine qu’il nous faut protéger mais aussi accompagner pour faire face aux défis structurels et conjoncturels auxquels ils sont confrontés :
les nouveaux modes de consommation,
la cherté des loyers commerciaux,
l’érosion de la clientèle, liée au départ chaque année de 10 000 Parisiens, la hausse des prix de l’énergie.

Pour ces raisons, un plan municipal parisien pour le commerce est évidemment le bienvenu, mais la stratégie présentée ce matin est décevante.

Décevante par qu’elle traite principalement des locaux commerciaux, mais très peu de leur usage et de l’activité des commerçants.

Décevante parce que s’agissant justement des locaux commerciaux, la nouvelle stratégie envisagée est encore un peu dans le flou.
Et vous savez mieux que moi que quand c’est flou,…c’est qu’il y a un loup.

Vous proposez une nouvelle gouvernance, qui s’appuiera sur trois commissions : une commission centrale pour élaborer une stratégie commune à tout le territoire,
une commission d’arrondissement pour définir les objectifs en matière d’animation, de préemption et d’acquisition,
une commission exécutive qui assure la mise en oeuvre des décisions.

Sur le papier, je me réjouis de la participation des mairies d’arrondissement à la définition de la politique municipale à destination des commerces de proximité dans leur arrondissement. Ils sont bel et bien les mieux placés pour appréhender le tissu commercial de leur territoire.

Mais comprenez que je me méfie de vos annonces en matière de territorialisation qui dans d’autres secteurs n’ont été qu’un écran de fumée.

Vous proposez également de simplifier l’ossature actuelle en matière foncière par la fusion du GIE Paris Commerces et de la SEMAEST en un guichet unique à travers une nouvelle SEM Paris Commerces.

Le système actuel n’était en effet pas très lisible et je ne peux que saluer cette initiative, modulo quelques aspects à éclaircir:

Sur sa capacité financière d’abord :
La communication évoque un accroissement de 200 millions d’euros, dont 55 millions d’euros de la part de la Ville. Quels sont les autres financeurs? A combien s’élève au final le budget de cette nouvelle SEM?

Sur ses objectifs en matière d’acquisition, ensuite :
De 250 à 300 nouveaux locaux selon la communication. Cet objectif couvre-t-il tout le mandat? Avez-vous déjà en tête une répartition par arrondissement?

Sur la coordination nécessaire – car l’un ne vas pas sans l’autre, il s’agirait de ne pas reproduire les mêmes erreurs qui ont conduit au rapport de la CRC étudié plus tôt ce matin – je disais donc, la coordination nécessaire entre la nouvelle SEM foncière et le futur opérateur chargé de la politique d’animation commerciale.

Enfin, une dernière question en suspens : quelle articulation entre les 3 commissions, la SEM Foncière et le futur « animateur » commercial parisien.

Vous l’avez compris, les principales mesures que vous proposez dans cette nouvelle stratégie pour le commerce parisien présentent des avancées mais l’ensemble manque encore de clarté.

Certains aspects semblent par ailleurs éludés :
la médiation,
la formation et le logement des salariés des commerces,
la fermeture et la reprise des commerces de bouche, qui font pourtant la renommée de nos rues commerçantes et de notre gastronomie.

Quel accompagnement propose la Ville sur tous ces sujets? Comment? Par qui? Sous quelle forme? Autant de questions sur lesquelles nous attendons des réponses, mais surtout les commerçants eux-mêmes attendent des réponses.

Aussi, la refonte de la politique municipale aurait mérité la tenue au préalable d’Assises du commerce parisien, réunissant les associations de commerçants, les élus, mais aussi la Chambre de commerce et d’industrie et les fédérations professionnelles et patronales.

Des Assises qui auraient associé la Métropole également, acteur incontournable en la matière, a fortiori avec la création officielle vendredi de la foncière métropolitaine pour compléter son programme existant de revitalisation commerciale Centres-Villes Vivants.

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