Propreté : face à l’évidence, Anne Hidalgo reconnaît son échec

Nos semaines sont habituellement rythmées par une chronologie bien huilée qui démarre chaque matin par les quelques pas qui nous séparent de notre vélo ou de la bouche de métro la plus proche. Ce laps de temps qui d’ordinaire nous permet de nous plonger pleinement dans notre journée est devenu la triste occasion d’observer l’état de délabrement avancé de nos rues dégradées par une saleté grandissante à laquelle nous aurions presque pu nous habituer voire nous résoudre.

Un carton de pizza offert généreusement aux pigeons qui n’en demandaient pas tant, un pneu de vélo délicatement posé contre un mur, des barrières de chantier délimitant des travaux inexistants ou à l’arrêt ou encore des poubelles qui s’amoncèlent en entretenant l’espoir secret d’être ramassé avant de faire le bonheur des chats du quartier.

À rebours de la ville musée que seuls les spots de télévision les plus léchés peuvent encore vendre aux novices, l’image de Paris pâtit d’un désordre permanent et d’une saleté qui jonchent désormais nos rues mais également les réseaux sociaux et donc nos journaux quand ils ne finissent pas déchiquetés sur le trottoir.

Comment comprendre que le nettoyage des rues du 17e arrondissement soit directement piloté depuis l’Hôtel de Ville ?
Comment accepter que les Maires d’arrondissement ne disposent d’aucune compétence de propreté ?

Il faut le dire, oui l’incivisme est fort. Oui il est vrai que certains confondent l’espace public avec une déchetterie à ciel ouvert. Oui, ces comportements doivent être sanctionnés et plus sévèrement qu’ils ne le sont actuellement. En revanche, considérer comme l’a souvent fait la Maire de Paris que l’état actuel de nos rues est uniquement le fait de parisiens dotés d’une conscience civique proche du zéro reviendrait à éviter toute remise en question de l’organisation des services de propreté municipaux.

Refusant d’ouvrir les yeux sur une réalité éclatante, Anne Hidalgo réfute et stigmatise les critiques sur la saleté de Paris, les renvoyant à une manipulation digitale savamment orchestrée par les soldats numériques de l’extrême-droite. Le #saccageParis aura toutefois, grâce à sa pérennité, permis de mettre la Maire de Paris face à ses propres contradictions : comment nier l’évidence face aux milliers de clichés illustrant parfaitement le ras-le-bol des parisiens ?

Contrainte et sommée de réagir, Anne Hidalgo a fini par descendre de sa tour, elle qui assurait encore le 8 avril sur RTL que les parisiens ne lui parlaient pas de propreté ni de saleté, pour venir s’exprimer publiquement, reconnaissant du bout des lèvres que des progrès pouvaient être faits en la matière.

L’organisation centralisée des services de propreté répond en effet à un schéma devenu obsolète qui ne permet aucune souplesse ni agilité. Comment comprendre que le nettoyage des rues du 17e arrondissement soit directement piloté depuis l’Hôtel de Ville ? Comment accepter que les Maires d’arrondissement ne disposent d’aucune compétence de propreté ?

Depuis plusieurs années, j’invite Anne Hidalgo à faire le pari de la proximité en confiant le pilotage et le recrutement des agents de propreté ainsi que les moyens financiers nécessaires à l’entretien et au renouvellement des matériels utilisés. Il est par ailleurs nécessaire de remotiver les troupes, découragées par une organisation peu stimulante des carrières aboutissant à un taux d’absentéisme trop élevé.

Pour être efficace, la propreté doit donc être gérée au plus près du terrain que les maires d’arrondissement connaissent parfaitement.

Il est temps que la Maire de Paris engage une refonte de la propreté à Paris qui perd chaque année près de 12 000 habitants, excédés par le bazar généralisé qui s’est installé dans tous nos quartiers.

Et alors nous pourrons commencer nos journées en profitant du ciel plutôt qu’en contournant des tas de cartons.

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